Le choix des menuiseries

Il s’agit d’un des gros postes du budget de construction. Le genre de choses sur lesquelles on passe des heures et des heures, d’autant que le milieu des menuiseries est très opaque pour les non initié.es. Je vais donc tenter ici de vous restituer un maximum d’informations, en allant directement à nos conclusions personnelles pour une meilleure lisibilité.

Le cahier des charges

Avant tout, et comme d’habitude, il est question de cerner son besoin.

Pour Marc et moi, nos fenêtres devaient répondre aux exigences suivantes :
– être fabriquées avec du bois qui a poussé en France
– être fabriquées en France
– être très performantes
– être teintées ou lasurées avec des produits non nocifs
– être faciles d’entretien

Nous souhaitions aussi pouvoir poser la même gamme partout, tout en installant du triple vitrage uniquement au Nord. En effet, le triple vitrage a un Sw (voir plus bas) plus faible que le double, ce qui n’est donc pas un choix judicieux partout. Chez André par exemple, ce n’était possible qu’en choisissant la gamme bois / alu, la gamme bois n’étant disponible qu’en triple vitrage (ce n’est pas la raison principale qui nous a poussés à les écarter).

Le choix du bois

Nous avons pas mal hésité entre le bois et le bois / alu (bois avec un capotage alu à l’extérieur).
Le gros avantage du capotage alu, c’est sa longévité et donc le fait qu’il n’y a pas de gros entretien à réaliser. Cette raison, ainsi que son esthétique très actuelle, en font aujourd’hui un choix largement plébiscité dans les constructions écolo.

Néanmoins, nous préférions l’esthétique du tout bois que nous trouvions mieux accordée à la maison (ça aussi c’est un point qui a fortement évolué depuis le début du projet).

Parmi mes souvenirs d’enfance, il y a les vacances d’été à chaque année voir mes parents passer leurs congés à poncer et repeindre certains éléments de la maison : les volets, les fenêtres, les palines du balcon, ou encore le bardage côté Sud. Et très clairement, nous n’avons aucune envie d’y passer autant de temps !
Et puis nous avions aussi l’un comme l’autre connu les menuiseries en bois massif qui ne ferment plus après quelques années ou décennies.

Comme dans bien des domaines, les produits ont évolué. Les menuiseries en « massif » sont désormais généralement constituées de bois 3 plis collés, ou alors de bois abouté. Cela leur confère une meilleure tenue dans le temps.
On trouve désormais des lasures et peintures avec des garanties de tenue moyen terme plutôt intéressantes, y compris pour le côté Sud.

La conception de la maison joue aussi beaucoup. Dans notre cas, l’absence de débord de toiture pourrait être dommageable, mais la présence de la coursive et de ses panneaux bioclimatiques au Sud change la donne puisqu’il s’agit du principal côté d’exposition aux intempéries.

Ces 2 derniers points nous ont finalement fortement incités à choisir des menuiseries en bois, correspondant mieux à notre guide line de maison à faible impact.

Une fenêtre performante, c’est quoi ?

Les fenêtres font partie des 3 points cruciaux concernant la performance énergétique d’une maison, avec la dalle et la toiture. Il serait donc vraiment dommage de négliger cet aspect.

Une fenêtre performante, c’est une fenêtre qui bien sûr isole du froid, mais aussi qui permet de bénéficier des apports solaires pour chauffer l’intérieur. C’est également une fenêtre qui ne bougera pas dans le temps, évitant ainsi de créer des entrées d’air inopportunes.
Pour aider au choix, il existe de nombreux indicateurs. Je vais essayer de vous présenter de la façon la plus simple possible ceux qui nous ont aidé à faire notre choix.

Le classement AEV

Air / Eau / Vent = un classement qui permet d’évaluer la performance globale de la fenêtre dans un contexte de sollicitation donné. S’il ne fallait retenir qu’un indicateur, ce serait celui-ci car il atteste de la résistance de la fenêtre aux éléments.

Le premier critère, la perméabilité à l’Air, est noté de 1 à 4. Il mesure la capacité de la fenêtre à empêcher les entrées d’air, notamment lorsque les températures extérieures sont basses.
Le second critère, l’étanchéité à l’Eau, est noté de 1 à 9. La lettre qui suit indique les performances d’étanchéité si la fenêtre est posée au nu extérieur donc non protégée (A) ou au nu intérieur donc protégée par le tableau (B).
Le dernier critère, la résistance au Vent, est noté de A à C et de 1 à 5. Il indique la capacité de la fenêtre à résister à la déformation, mais aussi à la pression du vent.

La « note » maximale est : 4 / 9 (A ou B) / C5. Pour autant, les performances attendues ne sont pas les mêmes selon que l’on vive en pleine ville, face à l’Atlantique ou encore dans un bocage. L’altitude mais aussi la hauteur de pose des fenêtres change aussi la donne, les contraintes n’étant pas les mêmes au 1er ou au 6ème étage. Il existe donc des cartes et tableaux de référence indiquant les notations minimales à atteindre pour une bonne performance des menuiseries.

Le Uw

U window = performance thermique de la fenêtre, cadre inclus. Exprimé en W/m².K il doit être le plus bas possible. Les fenêtres standard double vitrage ont aujourd’hui un Uw situé entre 1,2 et 1,5.
Les menuiseries passives doivent quant à elles afficher un Uw inférieur à 0,8 pour prétendre à la certification, ce que l’on atteint avec le triple vitrage.

Le Sw

Facteur solaire = la capacité de la fenêtre à transmettre la chaleur du soleil.
Cet indice est compris entre 0 et 1, 1 indiquant la meilleure conductivité. À la mi-saison et en hiver, les entrées solaires permettent de se passer presque totalement de chauffage si elles sont bien pensées et complétées par une bonne isolation et une maison pensée de façon bioclimatique.

Le Tlw

Coefficient de transmission lumineuse = capacité de la fenêtre à faire entrer la lumière.
Il s’agit ici aussi d’un coefficient compris entre 0 et 1 dont 1 est le plus performant. Le verre, le type de gaz isolant ou encore l’épaisseur de l’ouvrant et du dormant, font considérablement varier les entrées lumineuses dans la pièce. La forme des fenêtres entre également en compte, comme l’illustre parfaitement ce schéma issu d’un article de La Maison Écologique (le dossier est très bien fait, à retrouver dans le n°107) :

Notre choix : Fenêtres franc-comtoises

Bien que notre maison n’ait pas vocation à être passive, c’est sur la base de données de lamaisonpassive.fr que nous avons trouvé le fabricant qui serait à même de répondre à notre demande.
Nous avions déjà consulté 4 fabricants ainsi que J-C Mengoni, consultant pour La Maison Écologique et « représentant freelance » pour Bildau, mais aucune des propositions ne satisfaisait notre cahier des charges… En découvrant l’offre Camelewood, nous avons tout de suite su qu’elle était pour nous !

Les Fenêtres Franc-Comtoises est une entreprise familiale du Jura qui a été créée en 1933 et compte actuellement une douzaine de salariés. Cette entreprise à taille humaine s’est lancé un beau défi en 2005 : mêler la conception passive à une démarche écologique et sociale poussée, dans le but de prendre en compte les enjeux environnementaux tout en pérennisant l’activité.

Cette démarche de recherche hors du commun a été soutenue par la Région Franche-Comté et par l’Europe, et a abouti en 2013 à la création de la première fenêtre française en bois certifiée passive.

Des engagements écologiques

Cette menuiserie travaille une essence locale, le sapin du Jura (épicéa 6 – Picea abies).
Il s’agit de la première essence en volume dans les forêts française, elle est donc très disponible. Peu utilisé en construction du fait de sa sensibilité aux insectes et champignons en plus de son statut de bois très tendre (dureté Monnin comprise entre 1,5 et 2,3 N/mm), nous n’aurions jamais pensé à nous tourner spontanément vers cette essence pour nos menuiseries !
C’est là que la démarche et les procédés des Fenêtres Franc-Comtoises nous ont interpellés puis convaincus…

Le bois extérieur est de l’Accoya, c’est à dire du pin acétylé. En très gros, le pin est plongé dans un bain de vinaigre blanc, ce qui lui confère des propriétés exceptionnelles de résistance aux intempéries mais aussi et surtout aux champignons et insectes. On parle ici d’une résistance supérieure à celle des bois exotiques comme le teck, c’est dire ! Accoya, qui a breveté le procédé, garanti d’ailleurs 50 ans l’usage en menuiserie extérieure.
Pour en savoir plus et découvrir le magnifique observatoire des oiseaux de Haringvliet, Pays-Bas, jetez un œil ici.

À l’intérieur, la fenêtre est en sapin du Jura, également issu de forêts « gérées durablement » (je le mets entre guillemets car il y a des normes, c’est certain, mais elles ne garantissent pas que les plantations de résineux ne remplacent pas les feuillus indigènes). La menuiserie Thiebaud (Fenêtres Franc-Comtoises) s’approvisionne auprès de 2 scieries partenaires locales avec lesquelles elle a l’habitude de travailler depuis de nombreuses années, ce qui permet une bonne traçabilité du bois utilisé.

Autre spécificité, le bois est assemblé vissé et non collé. Cela limite fortement l’usage de colles nocives pour l’air intérieur, et surtout permet une totale recyclabilité de la menuiserie.
Et puisque la démarche a été pensée en terme de cycle de vie, les cadres extérieurs et intérieurs sont déclipsables pour être éventuellement changés sans changer toute la fenêtre.

Côté couleur, le bois est lasuré au Saturabois de Rubio, une lasure à l’huile de lin. Nous avons pu choisir la teinte qui s’accorderait le mieux avec notre bardage en comparant les échantillons au bardage de l’atelier. Cela nous a grandement aidés !

Des engagements sociaux

Pour achever de nous plaire, l’entreprise affiche des engagements sociaux adaptés à son territoire rural. Elle a par exemple à cœur de favoriser l’emploi des femmes, mais aussi de former ses salarié.es tout au long de leur parcours, y compris lorsqu’iels intègrent l’entreprise en fin de carrière.

Les salarié.es sont moteur de la démarche d’innovation et considéré.es comme expert.es. C’est suffisamment rare pour être souligné.

Performances des fenêtres Camelewood

(données moyennes pour l’ensemble des fenêtres que nous avons choisies) :
Uw = 1,2 pour le double vitrage et 0,7 pour le triple vitrage (certification Passiv Haus)

AEV = 4 / 7B / B3 pour le double vitrage, C3 pour le triple vitrage >> Ceci indique une excellente perméabilité à l’air, une très bonne étanchéité à l’eau, et une bonne résistance aux vents, surtout avec le triple vitrage.

Sw = 0,40 ce qui est très bien. On considère en France que le facteur solaire soit être compris entre 0,3 et 0,6 suivant la région habitée pour profiter au mieux de cette chaleur gratuite du soleil.

Tlw = 0,78 ce qui promet une belle luminosité dans nos pièces de vie !

ZOOM – LA DEP
Les produits de bâtiment, comme les fenêtres, qui font l’objet d’une communication à caractère environnemental doivent faire l’objet d’une Déclaration Environnement Produit, issue d’une analyse du cycle de vie. Il s’agit d’une obligation légale (norme EN 15804) depuis 2014.
L’analyse cycle de vie permet de mesurer les impacts d’une unité fonctionnelle (UF) allant du sourcing matériaux jusqu’à la destruction en fin de vie.
Si cette analyse n’a pas été réalisée / n’est pas communiquée, attention au greenwashing !

Pour découvrir la DEP de façon plus approfondie avec l’exemple des Fenêtres Franc-Comtoises c’est ici.

Bon et puis clairement, quand d’un côté on a un.e commercial.e au téléphone qui ne sait souvent pas répondre sur la provenance du bois, et que de l’autre on a Jean-Louis Thiebaud, maître fenêtrier et dirigeant investi, ben ça fait une sacré différence d’engagement. Et ça on aime !

Vous découvrirez d’ici quelques mois les différentes étapes de la pose (prévue courant mai 2021 et accompagnée par Jean-Louis ou l’un de ses partenaires) et le rendu chez nous.
Je ne manquerai pas de mettre à jour l’article avec des images que j’aurai faites !

6 réflexions sur “Le choix des menuiseries

Laisser un commentaire