L’insufflation de la ouate

Voilà une nouvelle étape passée il y a peu, et nous sommes heureux de l’avoir achevée. Maintenant, nous avons l’habitude de multiplier par 3 le temps que nous imaginons mettre. Ce chantier n’a pas échappé à la règle !

Les préparatifs

Il y a toujours une multitude de petites choses à penser et à faire avant d’attaquer le dur d’une étape.

Avant d’insuffler la ouate, ou même de poser le frein vapeur, il a fallut :
– fixer toutes les entretoises nécessaires à la pose de nos futures cloisons
– prévoir une réservation de passage d’étage pour l’électricité. Donc avoir bien avancé sur le plan électrique…
– imaginer et mettre en œuvre la façon de faire le raccord entre les rampants et le haut du mur
– vérifier que le parement final pourra être fixé jusqu’au bord des murs finis, et le cas échant trouver une solution…
– fabriquer de petits caissons à l’Est et à l’Ouest pour insuffler à forte densité et ainsi limiter le risque de pont thermique au niveau de la dalle d’étage
– réaliser une réservation de passage d’étage et de passage de toiture pour le futur conduit du poêle, dont il fallait au préalable déterminer précisément l’emplacement. Très précisément même, puisque le solivage de la dalle intermédiaire est dans le sens Est-Ouest, que les chevrons sont dans le sens Nord-Sud, et que le conduit doit déboucher sur une onde du bacacier !

Je m’aperçois en rédigeant cet article que je n’ai pas de photos d’illustration de ces étapes. Sans doute parce qu’elles ont rempli pas mal de journées qui sont peu satisfaisantes car elles donnent l’impression de ne rien avancer vraiment. Notre cerveau est trompeur et aime ce qui est visible.

Pour celleux qui seraient ici en recherche de solutions, vous verrez sur les photos suivantes 1 à 3 la façon que nous avons imaginée pour réaliser la jonction plafond / mur à l’étage. La petite partie verticale (en osb recouvert de frein) et le dessus de fenêtre, seront habillés de liège pour être enduits.
Sur la photo 4, Marc est en train de visser les fausses entretoises qui serviront de points d’ancrage à la lisse haute d’une cloison. La sorte de caisson en osb visible en contrebas est la réservation de passage du poêle, visible de plus près en photo 5. Les tasseaux posés un peu plus haut ont ensuite accueilli une plaque d’osb pour diviser le caisson en 2 : notre maison étant asymétrique, les chevrons de la partie Nord sont plus longs et mesurent environ 4m de longueur ce qui nous paraissait trop important.

Frein vapeur et étanchéité à l’air

Le frein vapeur est une membrane destinée à assurer l’étanchéité à l’air du bâtiment et à réguler le passage de la vapeur d’eau (dégagée par les activités des habitants et par le corps humain) afin qu’elle n’endommage pas l’isolant.
Contrairement au pare vapeur, il n’est pas étanche et est souvent hygrovariable, ce qui signifie qu’il est plus ou moins ouvert selon le taux d’humidité.

Nous avons choisi le frein vapeur Ecofoil de Ouateco, notamment pour sa résistance et sa très faible déformation à la pose, ce qui est important lorsqu’on choisit d’isoler avec de la ouate. Dans cette configuration, le frein vapeur est très sollicité au moment de l’insufflation, et l’isolant vient ensuite peser dessus. Un frein vapeur trop élastique aura donc tendance à beaucoup plus se déformer.
L’Ecofoil est une membrane en kraft armé, et il est fabriqué dans le Sud Ouest à base de fibres de pins maritimes. Il présente un SD variant de 0,4 à 6.

Le poids de l’Ecofoil n’est pas négligeable par rapport aux autres puisqu’il pèse 192g/m2. Dit comme ça, ça paraît rien, mais chaque rouleau fait 1,5 x 50m soit près de 15kg. Impensable donc de tenir le rouleau à bout de bras pendant la pose.
J’ai posé une grande partie du frein seule en découpant des lés de 3 à 4m qui m’ont ainsi permis de bien le tendre en l’agrafant. La technique la plus fiable que j’ai trouvé était d’agrafer en premier la grande longueur, le long d’un repère droit (sur la photo ci-dessous par exemple, il s’agissait de la panne faîtière). J’agrafais ensuite le milieu du lé sur toute la largeur, puis je rejoignais progressivement les extrémités.

Dans notre maison, les enduits en terre joueront le rôle de frein vapeur pour les murs. Les seuls endroits où nous avions du frein vapeur à poser étaient donc les plafonds, puisque notre dalle intermédiaire est isolée pour des raisons de confort acoustique.

Au moment de la mise en œuvre de la dalle intermédiaire, nous avons oublié de poser une réservation de frein vapeur sous le solivage (en rouge sur le schéma). C’est cette partie qui nous aurait permis de moins nous soucier de la performance de l’étanchéité sur la dalle intermédiaire.
Comme elle est manquante, nous devrons accorder le plus grand soin aux rebouchages des nombreux trous de vis réalisés dans l’osb, avant d’installer le parquet. Nous devrons également reprendre tous les scotchs de ce plancher puisque nous les avons bien endommagés à force de passages.

Une fois le frein vapeur agrafé, on pourrait être tenté·e de croire que le travail est terminé.
Mais en fait, pas vraiment…

Chaque agrafe est recouverte d’un petit morceau de scotch d’étanchéité. Il est aussi possible de le faire avec une pointe d’Orcon appliquée au doigt.
Les lés de frein vapeur sont jointés au scotch.
Les raccord avec les pièces de charpente sont réalisés.
Puis les lattes sont clouées. Elles garantissent la bonne tenue du frein une fois que la ouate vient peser dessus, et permettront de fixer le parement final du plafond.

Il nous restait des planches de peuplier en 27mm d’un généreux don qui nous avait notamment permis de réaliser le plancher de la mezzanine de l’atelier. Nous les avons délignées pour obtenir des lattes légères, parfaites pour être clouées sans fendre, et économiques.

L’insufflation de la ouate de cellulose

Nous en avons l’habitude, le livreur de Coste Bois, malgré sa bonne volonté, n’a pas pu venir jusque devant la maison. Il a eu la gentillesse de charger les palettes sur notre remorque, une par une. Nous délotions à l’arrivée en prenant soin de stocker dans la maison les quelques sacs endommagés pour ne pas risquer de laisser la ouate prendre l’humidité.
La livraison est intervenue la veille de l’insufflation et pas chance nous n’avons pas eu de pluie.

Nous avons décidé de faire appel à un pro pour réaliser cette étape car nous avons eu plusieurs retours d’autoconstructeur·ices qui ont rencontré des problèmes en insufflant par leurs propres moyens. Le risque principal est de laisser une ou des poches sans remplissage, ce qui crée ensuite des ponts thermiques plus ou moins importants. La simple idée de devoir démonter une partie du plafond pour effectuer des retouches nous a dissuadés de tenter l’expérience…

Jean-Claude est donc venu passer 3,5 jours chez nous, le temps nécessaire au remplissage des rampants et de la dalle intermédiaire.
Il a insufflé les 240 sacs de ouate que nous avions commandé, soit plus de 3,3 tonnes. Il nous en manquait encore quelques uns pour terminer. Ce n’est pas grave, puisqu’il doit de toutes façons revenir dans l’été, lorsque nous aurons fini de fermer la dalle du RDC et que nous serons prêts à l’isoler.

Nos rampants représentent environ 90m2. Les caissons formés par les chevrons porteurs nous permettent de placer 35cm d’épaisseur de ouate. La dalle intermédiaire couvre environ 65m2 et le solivage mesure 31cm de hauteur.
La ouate est insufflée à une densité de 55 à 60kg /m3 dans les rampants et sur toute la ceinture de la dalle intermédiaire. Le reste est insufflé avec une densité moindre puisque le rôle de la ouate n’est alors qu’acoustique.

Pour faciliter le travail de Jean-Claude, nous avons marqué au crayon toutes les entretoises et autres pièces de bois dont il devait avoir connaissance afin de répartir au mieux les ouvertures dans le frein vapeur.

Pendant que Jean-Claude insufflait, Marc vidait les sacs dans la cardeuse (pas une mince affaire étant donné le fort vent de ces jours là), et je refermais les ouvertures faites dans le frein. Pour cela, le scotch d’étanchéité en grande largeur a été bien utile.


Clairement, l’insufflation n’est pas un chantier bien sympa : la ouate vole de partout, et personne n’a envie de respirer ça alors le masque est de rigueur toute la journée. Idem au moment du nettoyage, puisqu’il faut passer la soufflette sur l’ensemble des plafonds et murs tant le procédé est poussiéreux.

Mais la ouate a pas mal d’atouts, en tout cas celle de Ouateco que nous avons choisie : écologique, haute performance (isolation et déphasage), locale, économique… Un sujet à part entière qui méritera un article dédié !

Une réflexion sur “L’insufflation de la ouate

Laisser un commentaire