Les bottes de paille

Cette étape tant attendue s’est déroulée bien différemment de ce que nous avions imaginé…

Mais reprenons au départ.
Le 30 juillet 2021 à 9h, le camion de 16m de long qui nous livrait la paille faisait ses premières tentatives de passage en marche arrière entre les bâtiments à l’entrée de l’impasse… Il faut dire que le chauffeur était doué ! Mais rien n’y fit, et comme nous le pensions il ne passait pas.
Ayant anticipé cela, nous avions demandé à nos voisins s’ils pouvaient nous prêter leur fourgon et leur tracteur pour nous aider à décharger. C’est donc 100m avant le chantier que les bottes ont quitté le camion, avant d’être acheminées vers la maison où je les rangeais par taille.

8 tonnes de paille.
Près de 600 bottes.

Il nous a fallut 6h à 5 personnes pour tout décharger. J’y ai laissé mon pouce dont l’articulation a souffert des mouvements répétés sur cette journée.

La paille a ensuite attendu 2 semaines dans la maison avant que nous ne commencions la mise en œuvre et que nous découvrions que cette étape serait bien plus longue que prévu. On voit souvent des chantiers paille très rapides, tout étant posé en 2 semaines de chantier participatif. Nous savions que ce serait plus long pour nous puisque ne souhaitions pas organiser de chantier de ce type, peu compatible avec notre organisation et notre vie familiale.

L’espacement entre les montants d’ossature de la maison n’est pas régulier, ce qui nous a obligés à retoucher à peu près toutes les bottes en longueur, et ce malgré la commande de 4 tailles différentes. Et c’est clairement très long à faire…
Dans le cas d’une rectification de quelques cm, il est possible de simplement retirer de la paille en tirant dessus, la compression étant élevée la botte reste très stable. Dans les autres cas, il faut utiliser des aiguilles pour re-ficeler la botte.

Nous avons donc procédé ainsi :
– rectification des bottes (l’idée est de leur donner une forme de pavé régulier)
– modification en longueur (80% des bottes…)
– éventuellement taille d’une encoche à la meuleuse (pour passer les lisses hautes et les linteaux)
– application d’une barbotine de terre sur la face qui va dans le caisson (protection incendie directement liée à notre choix de contreventer en voliges à 45°)
– positionnement de la botte dans le mur au chausse-botte et au persuadeur
– réalisation d’une saignée sur le dessus de la rangée formée
– fixation d’un tasseau 30×40 dans les montants avant de démarrer la rangée suivante, cette pièce assurant l’absence de tassement et empêchant tout versement de la pile.

Lorsque nous avions réalisé les plans de la maison, j’avais dessiné une ossature aux entraxes régulières, à quelques exceptions près autour des fenêtres. Nous avions bien en mémoire le conseil reçu lors de notre formation pro-paille : adapter l’ossature à la longueur des bottes que l’agriculteur-fournisseur réalise.

Au lieu de reprendre ce plan, notre accompagnateur sur la structure l’a redessiné. Passer derrière quelqu’un qui n’a pas forcément la même logique et les mêmes habitudes s’avère être assez malaisé dans les logiciels de dessin, alors cela nous semblait normal.
Par contre, il n’a pas repris les bases posées sur l’ossature, et lorsque nous le lui avons signalé, il nous a répondu que ça ne changeait pas grand chose parce qu’il était facile de recouper les bottes. Il a déjà réalisé une dizaine de maisons en paille, ce qui n’était pas du tout notre cas puisque nous n’avions même jamais participé à un chantier en tant que bénévoles. Nous avons donc lâché l’affaire là dessus en lui faisant confiance, et il est évident que je peste sur cette décision depuis quelques mois…

Heureusement, nous avons régulièrement eu de l’aide pour faire tout cela. Un grand merci à toutes les personnes qui ont mis la main à la pâte avec nous !

Pour garder la motivation, nous avons scindé cette grosse étape en plusieurs petites. L’objectif, comme souvent, est de procéder de façon à ce que le travail effectué soit rapidement visible : un pan de mur entier est plus satisfaisant qu’une rangée qui fait tout le tour de la maison par exemple.

Au final, nous avons mis 6 mois à en voir le bout. Nous n’avons bien évidemment pas fait que ça, il y a eu pas mal de semaines sans toucher à la paille, mais nous n’avions pas imaginé un seul instant que nous n’en serions que là en février 2022 !

Il nous reste désormais à réaliser les petits triangles des pignons, à reboucher les interstices avec de la paille sèche de la façon la plus dense possible, à poser les isolants complémentaires, à réaliser les contours des ouvertures, puis nous pourrons araser avant de réaliser les rebouchages des creux en terre-paille léger.
Une bonne quantité de travail donc avant que nos murs ne soient prêts à être enduits !

Je documenterai cette étape qui promet d’être longue et qui semble parfois être négligée bien qu’elle soit indispensable pour assurer la résistance mécanique des enduits par la suite.

Pour l’heure, je n’ai qu’une hâte : que la paille disparaisse de notre vue !

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