Le bardage

Les maisons en paille présentent généralement 2 types de finitions extérieures : l’enduit à la chaux, ou le bois, le plus souvent en bardage.

Nous avions au départ imaginé une solution mixte, avec un bardage sur 3 côtés et une façade Sud enduite. Mais deux facteurs nous ont poussés à renoncer à cette idée :
– notre maison est assez haute, et la façade Sud fait plus de 70m2. L’enduire nous aurait obligés à prioriser cette phase sur d’autres parties du chantier, afin de protéger la paille.
– notre accompagnateur nous l’a fortement déconseillé : il avait eu la même idée pour sa maison, et cela a rendu sa terrasse inutilisable l’été du fait de la restitution de chaleur de son mur Sud…

Nous avons donc choisi de barder intégralement la maison, et avons opté pour un bardage vertical très simple.

Il est constitué de voliges de mélèze (de Corrèze) non rabotées en 20mm d’épaisseur. Nous avons pris le parti de le laisser vieillir naturellement. Cette essence devient gris cendré lorsqu’elle est soumise aux intempéries, et nous trouvons cela très joli.

Nous souhaitions une esthétique assez épurée, alors nous avons choisi de poser toutes les lames sur le même plan, contrairement à ce que nous avions fait sur l’atelier et qui lui donne un air de chalet.

Il s’agit d’une pose à couvre joint inversé : planches de dessous en 100 avec 25mm de recouvrement, planches de dessus en 150. Enfin, en théorie !

N.B. J’essaie de replacer les étapes dans un ordre logique, mais chez nous il s’est passé presque 2 ans 1/2 entre le démarrage par le pignon Ouest et l’achèvement par la façade Sud. Les photos sont placées dans l’ordre des étapes, pas nécessairement dans l’ordre de nos réalisations.

La préparation des façades

Avant de barder, plusieurs étapes de préparation sont indispensables, à commencer par la pose du pare-pluie. Cette membrane assure l’étanchéité de la façade en cas d’infiltration, mais aussi pendant le temps du chantier.
Le pare-pluie doit être posé du bas vers le haut, afin que le lé supérieur recouvre le lé inférieur. Il est agrafé, puis collé ou scotché au niveau des recouvrements. Notre manque d’expérience en la matière nous a conduits à poser des agrafes superflues, on peut en voir certaines sur les photos ci-dessous…

Avoir un échafaudage léger pour cette étape nous aurait grandement facilité la vie ! D’autant que pour éviter l’arrachement par le vent, il faut rapidement clouer les contre-lattes qui viennent plaquer la membrane à la façade. Ce sont les pièces verticales que vous voyez sur la photo ci-dessous. Elles sont clouées dans les montants d’ossature, qui ont préalablement été repérés sur le pare-pluie à l’aide d’un crayon gras et de couleur.

Ces pièces de bois de 2cm d’épaisseur permettent ensuite de clouer les lattes horizontales sur lesquelles le bardage sera fixé. Elles assurent également la circulation de l’air. Les lattes sont espacées de façon régulière, 60cm dans notre cas. Sur la photo, vous en voyez 2 plus rapprochées, il s’agit de la future jonction entre la partie haute et la partie basse du bardage.

Vient ensuite la fixation des grilles anti-rongeurs, en bas et en haut de mur. Cette grille permet de conserver la lame d’air, essentielle pour ventiler correctement la façade derrière le bardage.
Il est difficile de savoir si cette vigilance paiera dans le temps. Des rongeurs sont venus squatter le dessus de nos tableaux de fenêtre avant que nous n’ayons terminé de barder, nous savons donc où ils viennent nicher. Nous démonterons sans doute un tableau de fenêtre l’année prochaine pour vérifier leur absence.

La préparation des fenêtres

L’autre grosse étape de préparation avant bardage consiste à habiller les ouvertures. L’objectif est d’obtenir un fini propre en faisant mourir les lames de façon parfaitement plaquée sur le tableau.

Nous avons fait un peu notre sauce de ce côté là, après avoir observé sur différents bâtiments la façon dont ce point était traité. Nous avons beaucoup vu des tableaux « débordants », c’est-à-dire non recouverts par les lames. Et le résultat est que celui du haut devient vite très moche à cause de la stagnation d’eau dessus.

Voici donc la technique choisie :
1. pose de cales de 2cm pour laisser une lame d’air entre la façade et le tableau.
2. prise de côte pour déterminer la profondeur de la pièce du haut du tableau, qui passera derrière le bardage.
3. découpe et pose de la pièce haute, vissée à travers les cales jusque dans l’ossature.
4. pose de la pré-tablette (OSB avec une pente de 1cm) qui est clouée avec des têtes d’homme (clous très fins / finettes) dans une latte juste en-dessous.
5. pose de la tablette alu
6. prise de côte, découpe et pose des pièces latérales du tableau, sans s’occuper de la profondeur (elles seront coupées une fois que la lame de derrière qui vient se plaquer contre sera posée)

Décrire ces étapes avec des mots et quelques photos n’est sans doute pas super clair. Alors n’hésitez pas à poser vos questions en commentaire ou sur insta, je vous répondrai comme j’aurais aimé que quelqu’un·e le fasse pour nous !

La pose du bardage

Il est tentant de croire que la pose du bardage peut maintenant démarrer. Mais ce n’est pas le cas ! Avant tout, il faut calepiner…

L’idée est d’obtenir une façade harmonieuse. Et pour cela, les découpes autour des fenêtres sont à surveiller. Même pour une simple question d’étanchéité, ce point mérite de la vigilance. Vous le savez, l’eau et ses risques sont un peu nos bêtes noires…

Alors, il faut mesurer, calculer, vérifier, bref tâtonner pour trouver l’espacement « parfait » qui nous permettra d’arriver sur le bord de la fenêtre avec une lame de devant et non dans l’espace entre deux.
Vous vous souvenez, en début d’article je vous parlais de la théorie. Et bien concrètement, le calepinage sert par exemple à décaler de 6cm la dernière lame à poser, en espaçant des lames de devant de 5,2cm au lieu de 5 sur 3m linéaires de façade.

Une fois le motif défini pour atteindre la prochaine ouverture, nous marquions le début de chaque lame que nous allions positionner sur une des lattes, et nous utilisions cette marque comme point de repère. Il s’agit donc d’un marquage de cotes cumulées. Le niveau à bulle était ensuite notre meilleur ami pour obtenir de belles lignes verticales.

Si je vous décris cette technique, c’est parce que nous avons beaucoup peiné avant d’en arriver à cette option. Nous avions initialement fabriqué une cale pour reproduire l’espacement lame après lame. Mais en l’absence de cotes cumulées, les quelques dixièmes de millimètres d’erreur de la cale, reproduits x30 lames, deviennent plusieurs centimètres. Et ça peut mettre les nerfs à vif ce genre de truc, je vous le garantis !

Sur 2 des 4 façades, Marc a coupé en place les 2 épaisseurs de lames. Une coupe à 45°. Avec une circulaire de plusieurs kg. Sur un échafaudage.
Une mauvaise idée, je suis sûre que vous voyez ça !

La technique appliquée aux 2 autres façades, et que nous recommandons, consiste « simplement » à couper les lames à la cote. Je mets des guillemets, car rien n’est jamais parfaitement exact entre la théorie et la pratique, ce qui nous a un peu obsédés et n’a pas rendu les choses si simples que ça !
Nous avons clairement perdu du temps et de l’énergie dans ce genre de détails. Lorsque l’on a le nez dessus, tout semble grossier. Mais vu de plus loin et dans le quotidien, les petits défauts disparaissent au profit de l’impression d’ensemble.

La toute dernière action sur le bardage a été de réaliser une goutte en bas de façade : une coupe à 30° qui évite à l’eau de stagner au bout de la planche et de marquer le bois.

Au final, terminer l’ensemble du bardage a pris vraiment beaucoup de temps. Nous avons bien sûr fait tout un tas de choses entre chaque session, mais l’idéal aurait été de terminer cette partie avant d’attaquer l’intérieur de la maison. Nous aurions évité le stress de devoir compter uniquement sur le pare-pluie lors des intempéries, et nous aurions évité la surchauffe de l’été 2022 qui a généré des désordres au niveau de certains appuis de fenêtres (heureusement vite découverts et résolus !).

Laisser un commentaire