L’automne est bien installé, il est l’heure de faire le bilan de cette nouvelle saison de jardinage. Vous verrez qu’elle a été riche en enseignements et qu’elle entraine pas mal de modifications pour la suite de notre chemin en direction d’une certaine autonomie en fruits et légumes.
Observations générales
Notre sol est très argileux, ce qui a de nombreuses incidences…
Au printemps, il met longtemps à se réchauffer. Pour l’aider, j’ai retiré le paillage lorsque les premières journées un peu plus chaudes sont arrivées. Cela a permis de le sécher un peu tout en faisant doucement remonter sa température.
L’été, malgré le paillage, la sécheresse rend le sol très dur ce qui empêche un bon enracinement des potagères et rend la pénétration de l’eau difficile. J’envisage d’installer un goutte à goutte en profitant de la pente naturelle du terrain pour rendre l’utilisation de l’eau de pluie plus efficace et moins importante.
Les apports progressifs de matière ont déjà permis de modifier la structure du sol dans les zones amendées l’an dernier. La différence est très nette et nous montre qu’il faut aller dans ce sens : les vers de terre y sont présents même l’été, le sol garde mieux l’humidité, les annuelles se développent mieux (ou se développent tout court !).
Lorsque l’automne arrive, notre jardin est rapidement ombragé ce qui tend à faire refroidir le sol encore plus vite. L’hiver, la terre est lourde et glissante, elle colle. La fameuse « terre amoureuse ».
La saison 2021
Ce printemps, nous n’avons pas amendé puisque nous avions déjà mis une grosse couche de BRF l’an dernier. Je souhaitais pouvoir faire mes observations sans ajouter de paramètre qui brouillerait ma lecture.
J’ai fait mes semis sous serre froide, en décalant le calendrier d’un mois environ à cause du temps nécessaire au réchauffement du sol. Bien m’en a pris puisque j’ai ainsi repiqué début juin, donc après les dernières gelées qui ont fait tant de dégâts cette année.
Après quelques semaines en pleine terre, j’ai du me rendre à l’évidence, je faisais dans la nanification ! J’ai immédiatement pensé à une faim d’azote liée à l’apport conséquent de BRF au printemps précédent. Alors, je me suis décidée à apporter des purins et du lombricompost aux plantes.
Pour certaines, comme les courges, concombres, courgettes, blettes, salades, les bénéfices se sont vus en quelques jours. Pour le reste, ces apports n’ont rien changé.
Ce n’est qu’à la fin de l’été que j’ai pris conscience d’être passée complètement à côté d’un paramètre essentiel : le pH.
Ce qui m’a mis la puce à l’oreille, c’est la prédilection des châtaigniers pour les sols acides. Puis les importantes touffes d’orties de certaines zones du jardin, le bon développement des fraisiers, la croissance des choux bien plus importante que celle d’autres légumes, ont achevé de me convaincre que nous avions sans doute un problème d’acidité.
J’ai donc emprunté un pH-mètre, et les mesures sont sans appel : le pH du sol de notre jardin est compris entre 5,5 et 6 suivant les zones…
L’observation du jardin m’a également permis de constater que rien n’arrivait à pousser sous les pruniers. J’avais tenté de placer sous l’ombre d’un prunier d’Oullins différents légumes qui pouvaient profiter avantageusement de son ombre. Les blettes repiquées là alors qu’elles faisaient 5cm n’ont jamais grandit. Les radis n’ont fait que germer. Les salades sont restées très petites. Et les safrans ont disparu.
Les racines du prunier sont visiblement très superficielles. Elles prennent toute l’eau disponible (et peut-être les nutriments ?), asséchant terriblement le sol.
Cette idée de planter au pied des arbres fruitiers, directement inspirée des jardins forêts, nous a tout à coup semblé parfaitement inadaptée à notre objectif d’autonomisation. Et puis, comment récolter les fruits sans piétiner nos plantations ?
Une grosse remise en question s’imposait.
Cet automne, à la lumière de toutes ces informations, nous avons donc entièrement revu le design du jardin et décidé que la partie forêt-jardin serait séparée de la partie potager.

La répartition des tâches entre Marc et moi est assez simple et s’est faite naturellement par intérêt personnel : Je m’occupe des potagères, et des annuelles d’une façon générale. Il s’occupe des arbres, des arbustes et des pérennes.
Force est de constater que les annuelles et les vivaces ne se gèrent pas de la même façon, et les mélanger a plutôt tendance à rendre le travail au jardin compliqué pour les débutants que nous sommes. Par exemple, les gingembres japonais et taï disparaissent complètement l’hiver. Au moment où l’on repique les premiers semis, ils ne sont pas encore réapparu, et les étiquettes / tuteurs ont parfois disparu entre temps (l’inconvénient principal des enfants seuls au jardin). Difficile dans ces conditions d’optimiser les plantations.
Nous avons donc pris le parti de regrouper la plupart des annuelles dans un potager « de mémé », c’est à dire un rectangle constitué de plusieurs lignes parallèles.
Les exceptions seront :
– les pommes de terre, que l’on plantera dans les nouvelles terrasses / buttes pour décompacter la terre avant d’accueillir d’autres cultures
– les courges de façon générale qui prendraient trop de place
– les tomates, qui seront plantées sur une partie jamais travaillée du jardin
Ce potager est désormais délimité par une haie fruitière qui sera percée de 2 passages. Il est suffisamment grand pour permettre la mise en place d’une serre à semis voire l’installation d’un tunnel de 3m de large qui couvrirait les 3 premières planches.
Les terrasses déjà formées l’an dernier seront dédiées aux pérennes, dont une particulièrement acide qui est maintenant attribuée aux fraisiers et myrtilliers.
Le grillage est désormais longé de petits fruits (framboisiers, cassissiers, groseilliers) à l’Ouest, de vigne au Nord, et d’actinidia (kiwi) au Sud.
La mare quant à elle reste une zone semi-sauvage. Nous avons déposé un tas de bois mort à côté et laissons pousser les herbes tout autour afin de laisser ses nombreux.ses habitant.es tranquilles. L’étanchéité n’est pas encore au point sur la partie haute (qui a été remblayée par la terre retirée lors du creusement), mais elle a bien remplit son rôle cette année.
Après avoir sorti toutes les pérennes qui étaient situées à l’emplacement du futur potager et les avoir replantées dans les terrasses, nous avons emprunté le tracteur de nos voisins pour passer la fraise. L’objectif : casser les 10 premiers centimètres du sol pour passer à travers les racines très compactes de l’herbe de prairie.
Cette base m’a permis de réaliser des buttes que j’ai ensuite paillées.
Nous en avons profité pour déplacer le composteur afin qu’il soit situé à l’entrée du potager, en zone 1.
De son côté, Marc a lancé plusieurs expériences de compost rapide Berkeley. L’idée est d’avoir de la matière pour enrichir le sol au printemps avant d’y réaliser les premiers semis et repiquages.
Il semblerait que le sol argileux préfère être amendé en une seule fois plutôt que de façon régulière dans l’année. Test à venir donc.
Enfin, pour mettre toutes les chances de notre côté l’an prochain, j’ai cherché un amendement correcteur d’acidité. L’usage local est d’utiliser la chaux, solution qui ne nous plaît pas à cause de son impact sur la vie du sol et de son mauvais bilan énergétique.
J’ai opté pour le lithothamne, qui est composé d’algues séchées et réduites en poudre fine. À raison de 50g / m2, il est très économique, très facile à utiliser, et devrait nous permettre de gagner 1 point de pH tout en améliorant la structure du sol et ses qualités nutritives. Il est également utilisable en enrobage des graines pour limiter les maladies, et en pralin racinaire pour les jeunes arbres à planter.
ÉDIT 20.11 Cette solution ne nous sera utile que pour les planches déjà existantes. Pour en créer de nouvelles, nous allons simplement amender en BRF, paillage, tonte, drèches, afin de favoriser au maximum la vie du sol. Le visionnage récent du film « Une ferme sur sol vivant » nous a beaucoup éclairés sur nos erreurs passées et sur la façon dont nous pouvions envisager la suite.
Si vous avez un sol argileux, je ne peux que vous encourager à le visionner !