Précision d’usage : aucun de nous n’est spécialiste des bassins, nous faisons simplement part ici de notre expérience. L’article sera enrichit de nos observations au fil du temps puisque cette installation ne manquera pas d’évoluer.
L’idée de faire un bassin de baignade naturelle n’était pas inscrite dès le début du projet. Nous avons eu la possibilité de récupérer gratuitement une demie cuve de récupération d’eau de pluie qui était déclassée, et pas mal d’idées ont alors germé. Les canicules passées et à venir nous ont aidé à trancher en faveur d’une mini-piscine naturelle.
Quand on commence à lire sur le sujet, on débarque dans un monde dans lequel la technologie est très présente : filtres en tous sens et systèmes de pompage perfectionnés sont monnaie courante pour obtenir une eau parfaitement cristalline et sans « défaut ».
Ça n’allait pas vraiment avec nos envies de lowtech. Nous avons donc décidé de nous lancer dans la création de ce bassin en se disant qu’au pire, il constituerait un joli point d’eau d’agrément devant la maison, et au mieux il serait baignable.
La conception
Notre bassin est de petite taille puisque son emprise au sol est de 3,5 x 7m. Il fallait qu’il soit logé devant la maison, et le terrain étant en pente nous ne pouvions pas le prévoir beaucoup plus grand sans remblayer et donc fragiliser la structure.
On lit beaucoup que dans un bassin de baignade naturelle, la surface de traitement de l’eau doit être du double de celle de baignade. Dans notre cas, la surface minimum nécessaire de la zone de dépuration devait donc être de 9m2. Elle fait en réalité presque 20m2 répartis entre différentes zones :
– Une petite partie à -1m30 à côté de la cuve
– Le reste à -50cm, dont la moité en lagunage empierré

Ce projet, nous ne voulions pas non plus qu’il nous coûte très cher. Nous avons donc fait pas mal de récup pour limiter les coûts : les grosses pierres d’ornement sont des reste issus des fondations cyclopéennes de l’atelier, et les pierres de taille sont récupérées sur le tas de déchets de coupe de la carrière à côté de chez nous.
Enfin, comme pour pas mal d’autres choses dans notre projet, nous voulions utiliser un maximum de matériaux locaux. Dans ce bassin, il s’agit surtout des minéraux.
C’est l’eau de pluie issue du trop-plein des cuves qui le remplit et renouvelle l’eau.
La mise en œuvre
Le terrassier venait le 21 février pour poser nos cuves. Nous avons profité sa présence pour creuser le bassin. Nous avions un challenge de taille : parvenir à terminer le « gros œuvre » sur la journée.
Le bassin était dessiné au sol avec une bombe de craie. Le terrassier a commencé par creuser les 2 niveaux principaux : les futurs -1m30 et -50cm.
Nous avons ensuite placé des bandes de feutre anti-perforation (une sorte d’intissé épais semblable au métis) puis avec son aide, nous avons déroulé l’EPDM. Et ce truc là pèse lourd ! Nous n’étions pas trop de 3 pour le faire.
Le terrassier a ensuite versé 15cm de sable au fond de la partie la plus profonde. Il était nécessaire pour s’assurer que la cuve que nous allions déposer là n’allait pas trouer le fond avec son simple poids (1,3 tonne).
C’était ensuite au tour de la cuve d’être déposée délicatement.
Les jours suivants, nous avons fait quelques allers-retours à la carrière. Là-bas, ils utilisent une guillotine pour façonner la roche extraite en blocs cubiques et la transporter jusqu’au site de taille. Toutes les chutes de coupe sont entassées sur place. Nous avons demandé l’autorisation de nous servir, et l’avons obtenue.
À l’aide d’une meuleuse, nous avons recoupé certaines pierres pour concevoir la future pataugeoire et point d’accès au bassin. Nous avons également ramené des pierres suffisamment plates pour monter facilement un muret avec, sans maçonner.
Enfin, nous avons positionné les premières roches non taillées de façon à ce qu’elles retiennent les cailloux que nous allions déposer le weekend suivant.
Lorsque le terrassier est revenu pour terminer le terrassement autour des cuves, nous avions fait livrer du gravier roulé et du concassé calcaire (20/80). Il a donc pu les déposer aussi délicatement que possible.
À partir de là, nous avons tout terminé à la main.
Nous avions un tas de roches à côté de l’atelier qui datait de ses fondations. Nous avons décidé de les utiliser pour agrémenter le bassin de pierres locales, qui se fondent donc parfaitement dans le paysage. Elles ont été extraites de la colline voisine, à 500m de chez nous.
Ces roches jouent un rôle important pour le développement de la biodiversité de ce point d’eau. Les interstices assez larges laissent par exemple la place aux crapauds, qui n’ont pas mis longtemps à investir les lieux.
Nous avons tenté de donner un mouvement assez naturel au bassin, et c’est cette même volonté qui nous a fait choisir du concassé calcaire pour réaliser la lagune. Nous ne voulions pas utiliser de roches venues de loin, cela aurait été aux antipodes de notre démarche.
Comme une partie de la terre autour du bassin était en du remblais frais, bien que tassé à la pelle, nous avons mis en eau progressivement et attendu quelques pluies avant de poursuivre l’aménagement.
J’ai décaissé l’ensemble du pourtour du bassin à la houe pour ensuite réaliser le muret et creuser la noue d’évacuation du trop-plein, qui conduit à la mare du potager.
C’est seulement à cette étape que nous avons terminé la mise en eau puis coupé le surplus d’EPDM. Les bords sont cachés derrière le muret à certains endroits, enterrés sous les berges à d’autres.
Le temps des plantations étaient venu. C’est aussi à ce moment là que nous avons installé une petite pompe dans le seul objectif de créer un mouvement d’eau. Il permet l’oxygénation et empêche les moustiques de venir pondre dans le bassin, qui commençait être une vraie pouponnière !
Nous sommes maintenant fin juin 2021, et il reste encore pas mal de choses à faire au niveau du bassin :
– enterrer le tuyau de la pompe, la raccorder au panneau solaire, lui fabriquer un support pour la dissimuler dans la cuve
– terminer l’empierrement des abords et végétaliser les berges
– fabriquer et installer un petit ponton d’accès
– ombrager la partie peu profonde du bassin, sans doute à l’aide d’un simple parasol dans un premier temps
L’enjeu pour ce premier été est de conserver une température acceptable pour ne pas nuire au développement des plantes et à la qualité de l’eau. À terme, l’ombrage généré par les plantes et le ponton devrait être suffisant.
Les premiers tests bandelette réalisés montrent une eau parfaitement équilibrée. J’ai démarré un suivi hebdomadaire que je pourrai ensuite comparer aux prochaines années.
Le budget
terrassement / 750€
feutre + EPDM / 950€
graviers et concassé / 350€
pierre de taille / 0€
roches / 0€
cuve / 0€
pompe / 40€ (
plantes / 170€ (achetées aux Jardins d’Eeau de Carsac-Aillac)
TOTAL : 2260€
À cela, il faudra ajouter le coût d’entretien et de fonctionnement du bassin. Si cette conception fonctionne pleinement, ces coûts seront limités d’un point de vue financier, et plus importants en temps : entretien des plantes, nettoyage des algues et sédiments, ramassage des feuilles.
La pompe a une puissance maximum de 40W, ce qui signifie que si elle tourne toute l’année H24 elle consommera 350kWh. Cela reviendrait à environ 60€ sur notre facture.
Nous avons un panneau solaire inutilisé que nous prévoyons de raccorder à la pompe de façon à ce que cette conso ne nous coûte rien.
Il est bien possible que nous installions une protection au-dessus du bassin à l’automne pour limiter la quantité de feuilles mortes qui tombera inévitablement dedans. J’ajouterai ces éléments ici au fur et à mesure.
Printemps / Été 2021
Après la mise en eau en mars, la faune s’est très vite installée : tout d’abord les araignées d’eau, accompagnées des tourniquets et des escargots d’eau. Un crapaud a élu domicile dans les rochers, et des libellules ont pondu leurs larves sur les plantes. Marc a même observé une couleuvre qui regagnait le jardin après son bain !
Lors des gros orages, l’eau se trouble à cause du ruissellement. Il lui faut alors 2-3 jours pour redevenir claire, le temps que les particules d’argile se déposent au fond.

Bonjour, vos articles sont très bien, nos projets et envies ont l’air de coïncider 😉
Pour le bassin nous pensons à faire de même, mais avons un peu peur des moustiques. Quelle est votre expérience, qu’en pensez vous ?
Avec un crapaud et une couleuvre vous en aurez peu être peu…
Merci,
JF
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Merci JF 😊 nous avons eu pas mal de larves de moustiques avant d’installer la pompe car l’eau était stagnante. Depuis qu’elle est en place (pompe dans la cuve de baignade qui faut ressortir l’eau au niveau du lagunage) plus aucun souci. L’arrivée très rapide des libellules a grandement aidé, les larves étant très gourmandes de moustiques.
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