Les printemps de mon enfance

Des gardons. Vifs, brillants, et très nombreux.
Si nombreux qu’on pouvait les attraper à la main. Un lac entier rempli de poissons !

Chaque printemps, le même scénario se déroulait dans la maison au bord de l’eau de ma grand-mère.

Les hirondelles venaient nicher par dizaines dans son grand garage, faisant notre joie d’enfants. Elles occasionnaient du travail à mon oncle qui était chargé de protéger la voiture garée juste au dessous en clouant des planches sous les nids, réceptacles de fortune à leurs fientes.
Lors de leur arrivée, le ciel était empli de nuées d’oiseaux, si coordonnées que c’en était magique !

Ces indicateurs du printemps annonçaient les vacances d’été toutes proches. Le dernier trimestre d’école, si long. Les jours qui rallongent et la température qui augmente malgré les matins encore frais. Le temps des baignades et des goûters sur la plage de galet allait arriver !

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Au cours de nos recherches de terrain, nous avons visité de nombreux endroits.
Certains au bord de ruisseaux ou de rivières dont les berges sont « protégées », classées zone Natura 2000 sur presque tout leur parcours.

Et partout le même constat : pas de vie.

Ce printemps 2018 a l’ambiance pesante du calme avant une tempête. Un printemps silencieux qui annonce de bien tristes temps à venir.

Ce printemps, en Dordogne, plus de 3000 ruches sont mortes, empoisonnées.

Ce printemps, on nous a annoncé que 80% des insectes avaient disparu en Europe au cours des 30 dernières années. La faute à l’intensification des pratiques agricoles et à l’usage immodéré des pesticides pour tenter de maintenir des rendements à flot dans un sol déjà mort…

Ce printemps, il n’y a que peu d’oiseaux dans les champs, et leur mélodie se fait muette à mesure qu’ils dépérissent. De faim, faute d’insectes à manger. De la connerie humaine aussi, puisque leur vitesse d’extinction s’est nettement accélérée depuis 2008, « une période qui correspond, entre autres, à la fin des jachères imposées par la politique agricole commune [européenne], à la flambée des cours du blé, à la reprise du suramendement au nitrate permettant d’avoir du blé surprotéiné et à la généralisation des néonicotinoïdes » dixit les chercheurs du CNRS.
Un tiers des oiseaux ont disparu au cours des 15 dernières années.

Ce printemps, l’extinction des insectes est palpables. On peut tous en faire le constat.
On peut tous aller se promener dans un pré et chercher le son des bourdons, la douceurs du vol des papillons, la course folle des mouches…

Et ?

Ben rien.

Rien ne change.

« Pas le temps de se préoccuper de tout ça, il faut déjà penser à manger hein ».
Manger, vous êtes sur ? Vous voulez dire gagner de l’argent pour acheter à manger ? Gagner de l’argent en détruisant tout ce qui produit à manger en fait…

Et vous, c’est quand la dernière fois que vous avez du vous arrêter pour nettoyer le pare-brise des insectes éclatés dessus ?

Xavier Gorce vol des drones

Dans la suite de la réflexion sur le sol, une intervention complète de Lydia & Claude Bourguignon à l’UNIL :

 

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